• Soirée du 1er décembre 2022 à 20h

    L’ENFANT

    en présence de l’un des co-réalisateurs Félix Dutilloy-Liégeois

     

    et 2 films de Jacques Doillon

    LA VIE DE FAMILLE et LES DOIGTS DANS LA TÊTE

     

    semaine du 30 novembre au 6 décembre 2022



                                              L'Enfant Bande-annonce VF

    semaine du 30 novembre au 6 décembre 2022

    L’ENFANT. Décidément Kleist inspire les cinéastes, Eric Rohmer et sa « Marquise d’O »,  puis, quelques décennies plus tard Arnaud des Pallières avec « Michaël Kohlhaas ». Marguerite de Hillerin et Félix Dutilloy-Liégeois (photo de droite) (24 ans au moment du tournage) adaptent une courte nouvelle  « L’enfant trouvé » (appartenant au recueil « Contes ») qu’ils transposent au Portugal.

    Au 16e siècle, une riche demeure entourée d’une nature luxuriante, celle de  marchands lisboètes très prospères. Tout semble ici à sa place, géographiquement et socialement, un riche mariage est prévu pour Bela, le fils adoptif de la maison. Cette fausse harmonie se dissipe extrêmement vite, Bela est amoureux d’une servante, Rosa, et compte s’enfuir avec elle.

    A partir de là, les auteurs vont s’employer à dynamiter, pour le meilleur et pour le pire, cet ordre conventionnel et bien moins immuable qu’il n’y paraît. Bela, presqu’encore adolescent, découvre que son histoire familiale est différente de ce qu’il a pu en entendre (d’ailleurs lui en-a-t-on parlé ? C’est peu probable). Des comportements dont il est témoin, des récits allusifs, de la découverte d’un tableau dissimulé, des confidences parcellaires d’un ami de la famille, Bela peine à faire le lien entre ces éléments. A chaque personnage est alors offert un espace de liberté et d’individualité, ouvrant ainsi de multiples brèches et ellipses dans le récit, toutes aussi attractives les unes que les autres. Ils occuperont désormais une place bien différente dans le jeu social et familial. Ce qui n’est pas sans renvoyer à des problématiques très actuelles, comme la recherche des origines par exemple.

    Sur ce petit monde cadenassé veille l’Eglise toute puissante et son bras droit de l’époque, l’Inquisition, d’où une autre lecture possible, plus politique. Face à la rigidité des convenances, chaque individu va se métamorphoser, révéler des facettes cachées, positives ou négatives, prendre de l’épaisseur en quelque sorte.

    Au centre du récit, le jeune Bela est la première victime de ce remaniement, qui chamboule à la fois son passé, tissu de non- dits plus que de mensonges, et son avenir. Ce n’est pas un hasard si Marguerite de Hillerin et Félix Dutilloy-Liégeois ont créé un personnage qui n’existait pas dans la nouvelle, celui de Jacques, ami de la famille, par qui le scandale arrive, interprété par Loïc Corbery.

    Sous des allures feuilletonnesques, mais peu mélodramatiques finalement, avec son content de révélations et de tragédies qui évoquent parfois le beau film de Raoul Ruiz « Les mystères de Lisbonne », « L’Enfant » est une œuvre rigoureusement construite rappelant que Kleist fut aussi un grand auteur de théâtre.

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    JACQUES DOILLON

    semaine du 30 novembre au 6 décembre 2022



                                            Jacques Doillon, jeune cinéaste Bande-annonce VF

     

    LA VIE DE FAMILLE. Chaque fin de semaine Emmanuel (Samy Frey) quitte sa nouvelle compagne Mara (Juliet Berto) et la fille de celle-ci Natacha (Juliette Binoche) pour rejoindre Élise (Mara Goyet) la fille qu’il a eu de son premier mariage avec Lili (Aima Walle).

    Une journée faites des habituels faux semblants, des attentions dues aux retrouvailles, de jeux, des défis, des amusements obligatoires de ceux qui ne vivent pas ensemble. Le père a conscience de son échec, de son insuffisance, de son absence. Il veut demander pardon à sa fille de sa médiocrité et de celle qui l’entoure. C’est la raison de ce voyage, ce road-movie où s’enchaînent moments de complicité, d’incompréhension, d’accusations réciproques. Mais en définitive ils n’arriveront à sincèrement se parler, à communiquer qu'au au travers d’une petite vidéo prétexte à un petit film qu’Élise doit faire. Une relation ciselée au scalpel .

     

    LES DOIGTS DANS LA TÊTE est une éducation sentimentale et politique qui s’inscrit dans l’héritage de la Nouvelle Vague, en l’ancrant dans l’évolution des mœurs des années 70. Chris est apprenti boulanger et vit dans la mansarde que lui loue son patron et dont il est expulsé suite à son licenciement pour retards répétés. Chris décide toutefois de squatter le logement en compagnie de son ami Léon, sa petite aie Rosette et Liv, une jeune suédoise de passage.

    Les "Doigts dans la tête" est le premier long métrage de Jacques Doillon. La distribution est entièrement faite de comédiens amateurs, prémisse à sa volonté toutefois non exclusive du réalisateur à travailler avec des non professionnels jeunes.

    Ces quatre jeunes, issus de milieu populaire, professant des métiers manuels, aux quelques tendances intellectuelles sans la préciosité des dandys d’Eustache, naviguent dans cette période de transition entre l’insouciance de la fin des Trente Glorieuses (plein emploi, libérations sexuelle) et la gravité des années 70/80 (chômage, précarités familiales).

    Première oeuvre importante de Jacques Doillon, beau conte d’apprentissage, sentimental et politique, film dont les cinéphiles ne manquent pas de voir l’écho au trio de La maman et la putain réalisé un an plus tôt, au couple d’Antoine et Christine des Baisers volés, et même dans le jeune suédoise une parenté avec l’allument Oskar Werner dans Jules et Jim ou de la Japonaise de Domicile conjugal.

     

    Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

    NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.

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