• Semaine du 12 au 18 octobre 2022

    BABI YAR. CONTEXTE

    De Sergei Loznitsa

    Soirée du mercredi 12 octobre 2022 à 20h

    Présentation du film par Lisa Vapné, historienne

    Semaine du 12 au 18 octobre 2022



    Babi Yar. Contexte Bande-annonce VO

    Été 1941, l’armée allemande envahit l’Ukraine. Terre dévastée, villes anéanties, cadavres des vaincus ukrainiens dans la boue, liesse populaire, portrait de Staline arraché, colonnes interminables de prisonniers, visite du victorieux Hans Franck le gouverneur général SS en Pologne, défilé de nationalistes ukrainiens en tenue traditionnelle.

    Été 1943, contre-offensive de  l’Armée rouge. Terre dévastée reconquises, villes en ruine reprises, liesse populaire, cadavres des vaincus allemands dans la boue, affiches d’Hitler lacérées, colonnes interminables de prisonniers, visites de hauts responsables communistes victorieux, défilé d’ukrainiens en tenue traditionnelle.

    Symétrie et troublant écho. Barbarie pour barbarie. Libérateurs pour libérateurs. Joug pour joug.

    C’est pendant l’occupation allemande, dans le ravin de Babi Yar, aux portes de Kiev, que les 29 et 30 septembre 1941, 77 331 juifs furent systématiquement exécutés, fusillés par petits groupes. L’einsatzgruppe C, unité mobile d’extermination, a officié, assisté de la Waffen SS et de deux bataillons d’auxiliaires ukrainiens. Les historiens intégreront l’évènement dans ce qu’ils ont appelé la "Shoah par balles"; l’autre, par d’autres moyens et de façon industrielle n’avait pas encore débutée, la solution finale fut décrétée qu’en 1942.

    En Ukraine ils furent un million et demi à connaître le même sort sur 500 sites répertoriés. En 1943 l’écrivain Vassili Grossman écrit un texte bouleversant, L’Ukraine sans juifs, dont un extrait nous est donné à lire sur un carton à l’écran: "Il n’y a pas de Juifs en Ukraine. Nulle part – Poltava, Kharkov, Kremenchoug, Borispol, Iagotine –, dans aucune grande ville, dans aucune des centaines de petites villes ou des milliers de villages, vous ne verrez les yeux noirs, emplis de larmes, des petites filles ; vous n’entendrez la voix douloureuse d’une vieille femme ; vous ne verrez le visage sale d’un bébé affamé. Tout est silence. Tout est paisible. Tout un peuple a été sauvagement massacré."

    À la Libération les soviétiques ont occulté le caractère antisémite des massacres n’y voyant que ceux de "citoyens soviétiques pacifiques" . Le ravin de Babi Yar a été en 1952 comblé par les déchets d’une briquèterie voisine. L’Ukraine d’après la fin de l’URSS n’a toujours pas réussi à édifier de mémorial.

    Le réalisateur Ukrainien Sergei Loznitsa a puisé dans les archives allemandes et soviétiques ainsi que dans les collections d’amateurs privées. Hormis quelques cartons mentionnant la chronologie et la géographie des évènements il a pris le parti radical d’accompagner son film d’aucun commentaire, d’aucun entretien comme pour faire un pendant au silence et à l’indifférence quasi générale dans lesquels se sont perpétrés les forfaits criminels.

    Une leçon d’histoire exceptionnelle et magistrale.

    Vladimir Grossman (extraits de ses Carnets de Guerre 1941-1945): " Ce n’est pas la mort des hommes morts à la guerre, les armes à la main, d’hommes ayant laissé derrière eux leur maison, leur famille, leurs champs, leurs chansons, leurs traditions, leurs récits. C’est le meurtre d’une immense expérience professionnelle, élaborée de génération en génération par des milliers d’artisans et d’intellectuels pleins d’esprit et de talent. C’est le meurtre d’habitudes du quotidien transmises par les aïeux aux enfants, c’est le meurtre des souvenirs, des chansons tristes, de la poésie populaire, de la vie allègre et amère, c’est la destruction du foyer, des cimetières, c’est la mort d’un peuple qui a vécu des siècles aux côté du peuple ukrainien…"

    Lisa Vapné qui viendra présenter le film le 12 octobre 2022 à 20h et en débattra avec le public à l’issue de la projection est historienne. Docteure en science politique de Sciences Po Paris, elle a soutenu une thèse sur la migration juive de l’ex-Union soviétique en Allemagne de 1990 à 2010. Elle collabore régulièrement à des films documentaires en tant que traductrice et chercheuse. Lisa Vapné est la coordinatrice éditoriale et scientifique de la Revue Alarmer, revue qui est l’émanation conjointe du Cercle de formation et de recherche sur le racisme et l’antisémitisme au sein de l’Institut Français de Géopolitique rattaché à l’Université de Paris 8 et de l’association ALARMER (Association de lutte contre l’antisémitisme et les racismes par la mobilisation de l’enseignement et de la recherche). 

    Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

    NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.

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