• Semaine du 14 au 20 décembre 2022

    LE SOLDATESSE ( DES FILLES POUR L’ARMÉE)

    de Valerio Zurlini

     

    Semaine du 14 au 20 décembre 2022



                                         Le Soldatesse Bande-annonce VO

    Trésor caché, oublié depuis les années 60. Remarquable film, en son temps mal vu et mal compris.

    Octobre 1940, Mussolini, rêvant d’un nouvel Empire Romain, par caprice mégalomane, pure rodomontade pour en remontrer à son partenaire allemand en un des épisodes les plus aberrants de la seconde guerre mondiale, envahit la Grèce. Épopée vaine et sanglante comme l’avait été la campagne éthiopienne.

    L’action du film se situe en 1942, dans cette Grèce désormais occupée par les troupes italiennes. Le lieutenant d’infanterie Gaetano Martino (Tomas Miliàn) accepte la mission d’escorter des prostituées destinées à rejoindre des bordels militaires de diverses garnisons à travers le pays jusqu’en Albanie. Il se fait accompagner par un toscan débonnaire​,​ le sergent Castagnoli (Mario Adorf) qui conduira le véhicule où ont pris place quelques femmes, recrutées comme "auxiliaires", affamées, jetées à la rue par les dévastations du conflit, contraintes à la prostitution pour survivre.

    Au long du parcours fait de paysages dévastés le lieutenant va s’attacher peu à peu à ces femmes, qu’il apprend à connaître et tente d’accompagner au mieux: Elenitza (Anna Karina), Toula (Lea Massari) et surtout​ Eftikia​ (Marie Laforêt, sans doute dans son plus beau rôle à l’écran) dont il tombe amoureux, mais qui n’a au cœur que de la révolte à lui renvoyer.

    Dans Le soldatesse, ce sont les troupes italiennes, et non allemandes, qui se livrent à des exactions et ​occupent la Grèce​ au terme d’une résistance acharnée. Zurlini fustige les crimes de l’armée italienne, démontre l’implication directe des chemises noires dans des massacres et réalise l’un des rares films clairement antifascistes du cinéma italien. Courageux « mea culpa ». Ce regard cru sur cette période, le portrait sans fard du fascisme, causeront l’échec du film resté depuis dans l’ombre des grands ​films de ​Zurlini. Le cinéaste attribuera aussi l’insuccès du film à sa dénonciation de la bonne conscience, de l’oubli volontaire et de la victimisation de l’Italie de l’après-guerre. 

    Valerio Zurlini montre les conséquences destructrices de la seconde guerre mondiale sur les populations civiles et de manière plus générale, sur la civilisation européenne (imaginez Rome contre Athènes)​ mais la grande​ question du film ​reste les relations entre hommes et femmes en temps de guerre. De l’amour, une forme quelconque de tendresse, d’entente, peuvent-ils encore naître sur un charnier ? Presque impossible, répond Zurlini, sceptique, tant les corps sont occupés ​à s'exploiter​ ou à survivre, à se prendre ou à se déprendre. Reste le profond sentiment de dégoût qui croît au cœur du lieutenant Martino : quelque chose comme la honte d’être un homme.

    Le soldatesse, cinquième long-métrage du réalisateur est à mettre au niveau de ses autres​ chefs-d'oeuvre​ comme La Fille à la valise (1961), Journal intime (1962) ou Le Professeur (1972).​ L'oeuvre de Valerio Zurlini ​a été​ considérée (à tort) comme un cinéaste mineur. Il n’a pas eu (à tort encore) la reconnaissance du grand metteur en scène.  

    Le soldatesse anticipe, avec davantage de mélancolie, de sentimentalisme et un art consommé de la litote, l’exposé glaçant de Salò ou les 120 Journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini. Zurlini et Pasolini dialoguent à distance à propos de la guerre et du fascisme. Les deux cinéastes se rejoignent dans leur approche à la fois évangélique et communiste du cinéma.

    L​e ​soldatesse, un film oublié à redécouvrir absolument.

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