• Semaine du 7 au 13 septembre 2022

     

     

    BANDITS À ORGOSOLO de Vittorio de Seta

    et

    LES HARKIS de Philippe Faucon,

    Attention: seule séance pour LES HARKIS le 11 septembre à 20h avec invité

    Semaine du 7 au 13 septembre 2022



    Bandits à Orgosolo Bande-annonce VO

    Le décor est rude, les plateaux de Sardaigne brûlés de soleil et souvent peu herbeux. Malgré tout des bergers y vivent avec leurs troupeaux. Dès les premiers plans s’imposent des visages rugueux, des personnages que l’on devine taiseux, des corps résistants aux rudesses du climat. Les bergers du film de Vittorio de Seta ne sont pas incarnés par des comédiens professionnels, et pourtant « Bandits à Orgosolo » n’est pas un documentaire, mais un film court, superbement filmé, avec une intrigue réduite à l’os. Michele, un berger, et son jeune frère Giuseppe font paître au quotidien le troupeau qui assure leur très maigre subsistance. Michele craint d’être accusé du meurtre d’un carabinier, dont il n’est aucunement l’auteur, sa seule faute étant, comme on dit de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

    La seule issue, la fuite, avec son content de péripéties westerniennes, chaleur extrême, manque d’eau pour les hommes et les bêtes. Toutefois « Bandits à Orgosolo » se prête à une lecture davantage sociale et politique, son déterminisme est impressionnant. Michele le berger sait parfaitement que sa parole ne sera pas prise en compte, il n’essaye même pas de se défendre, persuadé que jamais la vérité ne prévaudra. Le film raconte donc comment, pris dans une spirale hélas logique, un individu finit par devenir le coupable qu’il n’était pas. Mais si « Bandits à Orgosolo » possède la beauté et la rigueur des tragédies, il s’éloigne résolument de la notion de destin ou d’inéluctabilité, les causes et leurs effets en sont bien humains et politiques. D’autant qu’une seule séquence, unique scène de groupe de ce film qui parle d’isolement et de retrait, évoque un réconfort possible, la solidarité des villageois, avec au passage quelques plans d’un très beau visage d’adolescente.

    « Bandits à Orgosolo » est le premier film de fiction de Vittorio de Seta, auteur également d’une série de documentaires réédités récemment par la société de distribution Carlotta et regroupés sous le titre « Les mondes perdus ». Daté de 1961, il est contemporain donc des classiques d’Antonioni et des comédies grinçantes de Risi, Scola ou Monicelli, la plupart du temps urbaines. Tourné dans un noir et blanc extrêmement contrasté, mariant la vigueur du pamphlet à la noirceur du polar, l’on n’est pas très loin parfois des récits de Jean Giono.

    Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

    NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.


     

    Dimanche 11 septembre à 20 heures

    LES HARKIS, de Philippe Faucon

    En présence de Tramor Quemeneur, historien

     

    Semaine du 7 au 13 septembre 2022



    Les Harkis Bande-annonce VF

    On a souvent fait procès au cinéma français d’avoir réalisé peu de films relatifs à la guerre d’Algérie. Contrairement à une idée reçue, leur nombre n’a rien à pâtir d’une comparaison avec les films américains sur la guerre du Viet-Nam. Rien que pendant le conflit algérien, 18 films français furent réalisés sur le thème entre 1954 et 1962, dont toutefois 10 furent interdits par la censure (notamment Une nation, l’Algérie (1954) et L’Algérie en flammes (1978) de René Vautier, Le petit soldat (1960) de Jean-Luc Godard, Algérie, année zéro (1962) de Marceline Loridan et Jean-Pierre Sergent.

    Philippe Faucon, le réalisateur de LES HARKIS s’est déjà frotté au sujet du conflit algérien en réalisant en 2006 La Trahison. Avec LES HARKIS il traite du sujet douloureux de part et d’autre de La Méditerranée, celui des engagés volontaires algériens auprès de l’armée française pendant ce que l’on appelait alors "les évènements". 

    Par une série de scènes courtes, précédées d’une date, le réalisateur s’attache d’abord aux motifs très divers de l’engagement de plusieurs de ces harkis: venger le frère assassiné dont le père est un ancien combattant décoré pour ses faits d’armes sur le sol français pendant la seconde guerre mondiale, s’assurer d’un revenu pour payer des dettes, s’assurer une protection après avoir parlé sous la torture…

    À partir de 1960, alors que des pourparlers s’engagent entre les belligérants, ces hommes commencent à se questionner sur leur avenir à l’issue du conflit. Et si dans un premier temps les autorités françaises s’engagèrent à ce que tous puissent être évacués vers la métropole peu à peu le discours devient ambiguë et laisse envisager qu’un tri sera organisé… Pascal le lieutenant à la tête d’une petite unité oeuvre à titre personnel et contre l’avis de sa hiérarchie pour que ses hommes soient évacués et organise leur départ à partir d’Oran qui sera une véritable nasse…

    En fin de film, quelques informations s’affichent nous faisant comprendre l’étendue de ce drame dont Philippe Faucon nous aura donné jusque-là sans jugement les tenants, pour comprendre, pour se questionner.

    Le film a été présenté dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs du dernier Festival de Cannes. Le film a été salué par la presse notamment les journaux Libération et Le Monde dans leur édition respectives des 19 et 21 mai 2022:

    Le Monde " Philippe Faucon réussit à faire exister un collectif, mais s’attache aussi à chacun de ses personnages, avec sa famille, ses dilemmes, sa révolte, ses angoisses. A Cannes, le film a reçu une longue ovation lors de sa présentation, jeudi 19 mai"

    Libération: "Qu’est-ce qu’un film français vient chercher aujourd’hui dans ces sentiers de 1960, dans ces villages, sous ce soleil, sur ces visages ? L’histoire, parce qu’il faut, le moment venu, la raconter ? Peut-être, et c’est ce qu’il fait."

    Le dimanche 11 septembre à 20 heures l’historien Tramor Quemeneur présentera le film et en débattra avec les spectateurs. Tramor Quemeneur est un jeune historien, qui a soutenu en 2007 la thèse Une guerre sans «non» ? Insoumissions, refus d’obéissance et désertions de soldats français pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), sous la direction du spécialiste de l'Algérie, Benjamin Stora. Il est membre de la Commission mémoires et vérité instaurée à la suite du « Rapport Stora » (2021), ainsi que du Conseil d'orientation du Musée national d'histoire de l'immigration. 

    En exergue à son rapport Benjamin Stora a fait figurer 2 citations:

    "J’ai aimé avec passion cette terre où je suis né, j’y ai puisé tout ce que je suis, et je n’ai jamais séparé dans mon amitié aucun des hommes qui y vivent, de quelque race qu’ils soient. Bien que j’aie connu et partagé les misères qui ne lui manquent pas, elle est restée pour moi la terre du bonheur, de l’énergie et de la création. " Albert Camus, ! Appel pour une trêve civile en Algérie ". 22 janvier 1956

    "Le pays se réveille aveuglé par la colère et plein de pressentiments ; une force confuse monte en lui doucement. Il est tout effrayé encore mais bientôt il en aura pleinement conscience. Alors, il s'en servira et demandera des comptes à ceux qui ont prolongé son sommeil " Mouloud Feraoun, Journal, 1955-1962.

     

    Attention : séance unique. La sortie nationale du film est prévue le 12 octobre 2022.

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