Le 1er juin 1973, le musicien et chanteur R.Wyatt, du groupe « Soft Machine » chute du quatrième étage d’un immeuble. Survivant par une sorte de miracle, mais cloué dans un fauteuil roulant, Wyatt composera l’année suivante, en 1974, un album devenu culte, « Rock Bottom ». On pourrait traduire par « au niveau le plus bas » ou « au trente sixième dessous ».
Pour parler de cet artiste qu’elle aime énormément et qu’elle a rencontré pour les besoins du film, M. TRENOR a choisi l’animation. Plutôt qu’un récit chronologique, elle décide de mêler les moments de vie de Wyatt et de son amoureuse, A. Benge, aux séquences psychédéliques que lui évoque la musique, couleurs saturées, à dominantes oranges, bleues et rouges, motifs vrillés et déployés à l’infini. Alfreda Benge, compagne de Wyatt, peintre et plasticienne, l’accompagne dans sa carrière, dessine les pochettes de ses albums. Certains plans du film en sont inspirés. Elle sera bien sûr omniprésente dans la mémoire heurtée de celui-ci après son accident. Ses mots, son corps et son visage sont la matière de « Rock Bottom ». Les titres de l’album, il y en a six, rythment le récit. La manière dont M.Trainor les transcrit est bien loin de la simple illustration. Elle a utilisé la rotocospie, technique qui consiste à filmer des individus en prises de vue réelles avant de les dessiner (d’après nature donc) puis de les animer.
Très inventif visuellement, ce film témoigne de la fascination que peut encore aujourd’hui exercer ce moment artistique des années 70, sans doute trop vite circonscrit à ces trois termes lapidaires « Sex, drug and rockn’roll ».
Pascale Artufel