LE CHEMIN DE L’ESPÉRANCE de Pietro Germi

LE MUR QUI NOUS SÉPARE de Norbert Lechner

Projection le 11 janvier 2024 à 20h en présence de Hans Herth

Conférencier et ancien Président de la Fédération des Associations Franco-allemandes

Berlin, 1986. Une paroisse allemande organise une rencontre à Berlin-Est, entre des jeunes Allemands de l’Ouest et des jeunes Berlinois de l’Est. Anna y rencontre Philipp, fils de pasteur, cynique désabusé mais charmant dont elle tombe amoureuse. Leur relation se poursuit par correspondance, entre les visites ponctuelles d’Anna à Philipp selon la procédure autorisée, le temps d’une seule journée volée. Mais bientôt, une idée devient obsession : se réunir une fois pour toutes, au-delà du mur qui les sépare

Adapté du roman de Katia Hildebrandt, le film de Norbert Lechner offre une très belle aventure dramatique et une histoire d’amour palpitante. Le film se passe à Berlin trois ans avant la chute du mur. On comprend quels sont les enjeux de cette rencontre confessionnelle, l’opposition exercée par l’église protestante, le désir grandissant des jeunes en RDA de quitter leur pays et bien sûr l’impossible fuite, l’impossible passage de l’autre côté du mur, l’amour impossible. Tous ces enjeux s’inscrivent dans l’aventure des deux jeunes héros - Anna, la provinciale venue de RFA pour découvrir le pays voisin, mais inconnu et Philipp, le jeune homme cool, cultivé et rebelle - et se cristallisent, au poste frontière de Friedrichstraβe, dans de très belles scènes qui montrent bien pourquoi ce lieu porte le surnom de « palais des larmes » (Tränenpalast). L’action du film se poursuit au-delà de 1989, Anna et Philipp parviendront-ils à être réunis et à vivre leur amour ?

 Dans un petit village de Sicile d’après-guerre le dénuement côtoie le désespoir. La vaine grève jusqu’au-boutiste d’un groupe de mineurs n’empêchera pas la mine de soufre de fermer et condamnera les travailleurs au chômage. Certains verront leur planche de salut dans les propositions d’un agent recruteur de main-d’oeuvre arrivé à bon escient qui leur propose d’émigrer clandestinement en France moyennant finances.

Dans les codes du film néoréaliste le réalisateur Pietro Germi déploie un récit choral où nous suivons l’odyssée semée d’embûches de ce microcosme sicilien rêvant d’ailleurs. Le film dans ses péripéties est le portrait de tous les questionnements socio-politiques de l’Italie de l’époque: des personnages issus du sud pauvre remontant vers le nord urbain et industrialisé, la condescendance larvée des citadins avec les méridionaux, la perte des repères et les risques de perdition notamment pour les femmes. Émergent toutefois des figures chaleureuses que le réalisateur est parvenu à dépeindre avec brio, alternant les moments de vie à la fois collectif et intime qui confèrent au récit l’empathie recherchée par l’auteur.

Un beau film, chaleureux et humaniste qui nous rappelle cette immigration italienne d’après-guerre dont a bénéficié la France.

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