• NUIT NOIRE EN ANATOLIE de Özcan Alper

    GREEN BORDER de Agnieszka Holland

     

    NOME de Sana Na N’Hada

    Soirée du mardi 16 avril 2024 à 20h

    En présence du réalisateur Sana Na N’Hada

    Semaine du 10 au 17 avril 2024



    Sana Na N’Hada est un réalisateur Bissau-guinéen né en 1950. À 13 ans il s’engage dans la guerre d’indépendance de son pays, la Guinée-Bissau, petit état d’Afrique de l’ouest. De 1963 à 1974, la guerre contre l’occupant portugais s’achèvera lors de la Révolution des Œillets en 1974 au Portugal.

    Durant le conflit alors qu’il s’occupe à soigner les blessés dans un hôpital de campagne et qu’il aurait voulu devenir médecin le leader révolutionnaire Amilcar Cabral l’envoie apprendre le cinéma à Cuba à L’Institut cubain des arts et de l’industrie cinématographiques puis se perfectionner à Dakar aux "Actualités sénégalaises".

    Revenu en Guinée-Bissau, il est reporter jusqu’en octobre 1974 sur les fronts Nord et Est. Il réalise ainsi une centaine d'heures de reportages dont 60 % sont aujourd’hui perdus. Ces archives restantes vont cependant lui servir, notamment dans le film Nome présenté à la section ACID  au festival de Cannes 2023 où elles sont en miroir du récit fictionnel.

    Nome est un jeune villageois indolent, sans projets, un bon à rien. Son nom créole signifie homonyme autrement dit celui qui ne se distingue pas des autres, qui se coule dans toutes les vies pouvant adopter tous les points de vue. S’il s’engage dans l’armée de libération ce n’est pas par conviction mais pour fuir ses responsabilités et son déshonneur vis à vis de sa cousine qu’il a mis enceinte. On suit ses faits d’armes mais la victoire et l’indépendance ne feront pas de lui un héros mais un affairiste et un trafiquant parmi bien d’autres qui veulent leur part du gâteau au mépris de ce que fut l’idéal révolutionnaire. Pour information rappelons que la Guinée-Bissau a connu depuis son indépendance quatre putschs et plusieurs tentatives de coup d’Etat…

    La réussite du film vaut par la capacité qu’a eu le réalisateur de peindre avec empathie plusieurs personnages secondaires comme la cousine, un vendeur ambulant, certains compagnons et compagnes de lutte, mais surtout lorsque s’immiscent les images d’archives en noir et blanc filmés sur les fronts pendant le conflit. Ces images surgies du passé comme fantomatiques témoignent d’une mémoire historique dont le réalisateur archiviste cherche à fixer non seulement son souvenir mais sa pérennité. Une fiction envoutante à ne pas manquer.

    En dehors de cette soirée le film sera de nouveau à l’affiche au Victoria du 12 au 18 juin 2024.

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    Semaine du 10 au 17 avril 2024



    Nuit Noire en Anatolie est un film palpitant qui transcende le genre du thriller pour offrir un portrait puissant de la société turque, abordant ses tabous et ses défis avec une sincérité poignante. Le film explore les thèmes de l'homophobie et de la différence au sein de la société turque avec une profondeur remarquable.

    Le protagoniste central, Ishak incarné par l'impressionnant Berkay Artes joue du luth dans une boîte de nuit en Anatolie. Il vit seul. Après l’avoir quitté depuis plusieurs années il est contraint de retourner dans son village natal pour revoir sa mère à la santé déclinante. Il se trouve alors confronté à un mur de silence et de suspicion, révélant un lourd secret que le village cherche à dissimuler.

    À la structure structure narrative complexe, le récit utilise des flashbacks pour tisser un lien entre le présent d'Ishak et un passé douloureux. Ces retours en arrière mettent en lumière un événement traumatisant, renforçant le suspense et enrichissant la compréhension du spectateur quant aux motivations d’Ishak, notamment rester au village après le décès de sa mère déterminé à affronter et à apaiser les tourments qui le hantent depuis des années.

    Les montagnes majestueuses et les décors naturels illustrent la quête solitaire d'Ishak pour découvrir la vérité sur une nuit tragique qui a marqué sa vie et celle du village.

    Le village, situé dans le district isolé d'Ibradi dans la province d'Antalya, est un microcosme de la société turque, avec ses préjugés profondément enracinés et son rejet de la différence. Que ce soit à travers l'homophobie latente, les remarques racistes, ou la méfiance envers les étrangers, le film dépeint brillamment comment ces attitudes peuvent conduire à la violence et à la tragédie.

    L'homosexualité dans le film est traitée avec une grande délicatesse, évitant les images explicites, et se manifestant dans des scènes évocatrices, telles que des moments de complicité autour de la musique ou des scènes de baignade, chargées d'une sensualité subtile.

    Le film mérite d'être vu et apprécié pour sa profondeur, sa beauté, et son analyse pénétrante des dilemmes moraux et des paraboles sur la nature humaine.

     

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    Semaine du 10 au 17 avril 2024

     

    Green border. Lors de l’atterrissage de leur avion en Biélorussie, cette famille syrienne s’est vue souhaiter la bienvenue par une hôtesse de l’air. En réalité, le couple, ses trois enfants et leur grand-père sont syriens, et en fuite. Pour eux, le périple a été organisé et payé depuis Minsk jusqu’en Suède.

    Octobre 2021, à cette période le gouvernement biélorusse ouvrit largement ses frontières afin de permettre aux clandestins de passer en Pologne, pensant ainsi déstabiliser ce pays. Lequel donna à ses gardes les consignes inverses, bloquer les migrants, les rejeter de l’autre côté, à n’importe quel prix. Ces derniers devinrent donc les enjeux d’une querelle politique stupide, pourchassés, ballottés, assassinés, au mépris de toutes les conventions internationales et des simples droits humains.

    Le film ne sortira quasiment jamais de la forêt de Bialowieza où se déroula effectivement ce drame.

    « The green border » est un récit choral d’où émerge deux très beaux personnages. Jan, garde- frontière polonais, que sa paternité prochaine inquiète quelque peu, en regard des violences qu’il a l’ordre de commettre. Julia, psychologue, ses convictions humanistes pourront elles aller de pair avec un devoir de solidarité sévèrement réprimé par les autorités ?

    Certes, les personnages de « The green border » sont fictionnels, mais  la réalisatrice Agnieszka Holland n’a rien inventé, dates, lieux et faits sont hélas bien réels. Le film a été tourné en noir et blanc, et bien que se déroulant très majoritairement à l’extérieur, c’est d’une prison à ciel ouvert dont la réalisatrice a voulu rendre compte. Elle a frappé fort, et juste.  Pour preuve, suite à la sortie du film, elle a été victime d’une campagne de haine extrêmement féroce des autorités au pouvoir avant les dernières élections polonaises et sur les réseaux sociaux…

    Pour les jours et horaires de projection cliquer en haut de la page sur NOS PROGRAMMES/CINÉMA VICTORIA

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