• Semaine du 27 juillet au 2 août 2022

    ANATOLIA, de Ferit Karahan

     

    Semaine du 27 juillet au 2 août 2022

     Dans « Le mur », un autre cinéaste turc, Yilmaz Güney, filmait le quotidien d’un centre de détention où étaient enfermés des enfants. Le film date de 1983 et ce fut le dernier de son auteur. « Anatolia » est l’œuvre d’un jeune réalisateur, Ferit Karahan, et si le récit ne se déroule pas dans une prison, le lieu (qu’on n’oserait appeler de vie) où sont regroupés les élèves kurdes d’un pensionnat, n’en diffère pas tant que cela. Une discipline des plus strictes, c’est un euphémisme, y est appliquée, tout comme les châtiments corporels, la plupart du temps pour des broutilles, et même quand le chauffage cesse de fonctionner par un hiver glacial.

    Lorsque Mehmet, le meilleur copain de Yussuf tombe gravement malade, le gamin, avec ses mots et ses moyens va remuer ciel et terre. Le plus difficile, pour ne pas dire impossible, est de convaincre les adultes de la gravité de l’état de Mehmet, alors que l’infirmerie scolaire ou ce qui en tient lieu manque de tout.

    Le panel des soi- disant responsables présenté ici est édifiant, fuite totale devant les responsabilités, même si Karahan insinue que cette équipe, brimée, tenue à l’œil, répercute sur les enfants une autorité maladive dont elle a été elle-même victime. D’ailleurs, dès le moment où la gravité de la situation est enfin admise, le ton change quelque peu et le film par instants frôle une sorte de burlesque glauque et tragique.

    Enseveli sous la neige, le pensionnat déjà dénué du moindre confort, devient inaccessible à d’éventuels secours. Caméra à l’épaule, le réalisateur plonge son petit héros, dans un dédale de couloirs vides, l’expression « se heurter à un mur » ( encore !) prend ici tout son sens.

    Difficile de ne pas voir dans ce récit cruel la métaphore d’un pays à l’arrêt et d’un déterminisme effrayant. Karahan nous dit habilement que pour ces enfants kurdes dont on dénie au quotidien la langue et l’identité, de tels lieux seraient un passage obligé pour acquérir un semblant d’instruction. Il dit aussi vouloir questionner « un sentiment ancestral, la peur » et reconnaît une inspiration autobiographique.

    Karahan suscite une totale empathie avec Yussuf, pour autant cet adolescent à l’univers circonscrit ne dispose d’aucun espace de liberté, d’aucune autonomie, le temps du récit, il doit vivre dans l’urgence. De ce point de vue, « Anatolia » est finalement un film d’action. 

    Le film n'est projeté que 2 fois dans la semaine. Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.

     

    ÉVOLUTION, de Kornèl Mundruczo

    Semaine du 27 juillet au 2 août 2022

    Comment vivre avec le souvenir familial de l’horreur de la Shoah?

    Le réalisateur hongrois Kornèl Mundrunczo organise son film en trois parties: la découverte inopinée et improbable d’un nourrisson dans l’antre d’une cave au cours d’une scène silencieuse et glaçante dont on ne comprend peu à peu que l’on est dans une chambre à gaz au moment de la libération du camp par les troupes soviétiques; une longue scène de dispute de nombreuses années plus tard dans un appartement à Budapest entre une mère (Eva, l’enfant trouvée, écrivaine, devenue sénile) et sa fille Lena désirant s’exiler en Allemagne et venue la harceler pour qu’elle lui fournisse un document prouvant sa judéité; le troisième volet à Berlin s’attache à Jonas petit-fils d’Eva et fils de Lena.

    Eva a passé sa vie à n’être que la survivante, elle refuse sa judéité; Lena vit dans la honte de la tragédie, s’évertue à perpétuer le souvenir du traumatisme, elle tente seule de raccorder ce qui constitue l’essence de leur existence familiale, en donnant vie à la tradition juive et en incarnant l’horreur que le peuple juif a subie à travers l’Holocauste; Jonas affirme le refus de l’héritage, si difficile à porter. Du dernier volet au sein des nouvelles générations, le spectateur éprouve comme un sentiment d’apaisement.

    Trois générations confrontées à l’Holocauste, à la mémoire et au passage du temps

    L'histoire est inspirée de la vie de la scénariste, Kata Weber, enfant de survivants de la Shoah. 

    Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

    NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.

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