MAUVAISES FILLES, de Émérance Dubas 

C’est en 1829 qu’est fondée à Angers la Congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur, institution agréée quelques années plus tard par le pape Grégoire XVI. 

Une centaine d’années plus tard, on compte de par le monde environ 350 maisons issues de cette institution. Leur rôle est d’accueillir celles que l’on qualifie de "filles perdues". 

La France lors de la séparation de l’Église et de l’État en 1905 compte 37 maisons du Bon Pasteur qui, si elles passent sous le joug du Ministère de la justice restent gérées par l’institution religieuse à qui l’État confie la mission de rééduquer les « filles de justice », jeunes mineures qui, pour diverses raisons, sont passées devant un juge et sont alors considérées comme « filles difficiles », susceptibles de sombrer dans  la délinquance ou la prostitution.

L’application de l’ordonnance du 2 février 1945 qui distinguera l’éducation surveillée de l’administration pénitentiaire aboutira de fait à une ségrégation entre les garçons qui seront envoyés dans les internats publics et les filles qui seront placées en priorité dans ces établissements religieux. 

Mais en guise d’éducation ou rééducation ces maisons furent souvent des lieux de brimades, d’humiliations, de maltraitances. Sans parti pris ni misérabilisme, sans revanche mais avec émotion et authenticité , sans noirceur mais avec pudeur, le documentaire d’Émérance Dubas nous donne à entendre les témoignages de Édith, Michèle, Marie-Christine, Évelyne et Fabienne, placées à l’adolescente dans ces maisons de correction. Témoignages forts de femmes fortes qui ne sont pas sorties brisées comme tant d’autres. 

Pamphlet politique sévère sur le sort de femmes qui ont eu à subir en silence une violence étatisée. On reste ébahis, les poings crispés, le coeur serré devant cet indispensable documentaire qui fait honte.

Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.