Semaine du 29 novembre au 5 décembre 2023 (sauf le 4 décembre)

Cycle cinéma japonais

LES SOEURS MUNAKATA et FEMME DANS LA TOURMENTE

De Yasujirô Ozu

FLEUR PÂLE

De Masahiro Shinoda

Le mercredi 29 novembre à 20h

Présentation de LES SOEURS MUNAKATA par

Pascal Alex Vincent, réalisateur, scénariste et distributeur

LES SOEURS MUNAKATA (Yasujirô Ozu - 1950)

Setsuko et Mariko Munakata sont des soeurs que tout oppose. L’extravertie Mariko, émancipée, tempétueuse, profite de sa jeunesse et de sa liberté alors que Setsuko portant kimono, silencieuse, travaille d’arrache-pied pour entretenir son mari Mimura, taciturne et alcoolique, dont elle est soumise. En visite chez leur père, Mariko sympathise avec Hiroshi, un ancien prétendant de sa soeur. La jeune femme est convaincue que Setsuko éprouvent encore des sentiments l’un pour l’autre et va tout faire pour les rapprocher.

Dans cette chronique pudique sur une famille sans histoires, Ozu tourne "à hauteur de femmes". Il sonde les conflits intérieurs de chacune, la réconciliation , et les voies différentes choisies.

Ozu révèle de nouveau son art de la composition. Toujours tourné en plans fixes, à l’exception de rares et courts travellings, le film bénéficie d’un montage d’une absolue maîtrise qui lui donne tout son rythme sans entacher sa lenteur poétique.

UNE FEMME DANS LE VENT  (Yasujirô Ozu - 1948)

Tokiko vit seule avec son jeune fils Hiroshi, en attendant que son mari Shuichi soit démobilisé. Elle tente sans succès de vivre en vendant des vêtements.  Son fils tombe gravement malade et elle n’a que le choix de se prostituer un soir pour payer son traitement. De retour au foyer Shuichi comprend ce que son épouse a dû faire et n’arrive pas à lui pardonner.

Ce film se différencie par bien des aspects des autres oeuvres de Ozu. C’est un film infiniment triste, totalement irrigué par un sentiment de défaite. Si la cellule familiale est de nouveau interrogée, elle est ici éclatée, puis ressoudée dans une certaine rancoeur.

FLEUR PÂLE (Masahiro Shinoda - 1964).

Après avoir purgé une peine de trois ans pour homicide, Muraki réintègre son clan de yakuzas à Tokyo. En reprenant ses activités clandestines, il fait la connaissance de Saeko, qui fréquente son cercle de jeux. Muraki est bientôt fasciné par cette énigmatique jeune femme, elle-même irrésistiblement attirée par le monde de la nuit…

Célèbre représentant de la Nouvelle Vague japonaise aux côtés de Nagisa Oshima ou Kiju Yoshida, le réalisateur Masahiro Shinoda signe avec Fleur pâle une œuvre gracieuse entre ombre et lumière. En reprenant la structure cérémonielle caractéristique des yakuzas dans un cadre nocturne rythmé par la musique de Toru Takemitsu et le clapotis des petites cartes à jouer en bois (hanafuda ou « jeu des fleurs »), le film reflète subtilement les désillusions de son héros, Muraki, qui doit faire face au renouveau de son clan et, plus largement, à une société japonaise qu’il peine à reconnaître. Personnage atypique du cinéma nippon, Saeko est une femme libérée qui ignore les traditions, symbolisant par là le Japon nouvellement occidentalisé. Cette « fleur pâle » dans la nuit interlope est magnifiquement mise en valeur par Shinoda, à travers un jeu de cadrages et de contrastes résolument audacieux. Il parvient par là à faire ressentir les états d’âme de ces personnages errants. Mélangeant yakuzas et femme fatale, Fleur pâle est un film noir flamboyant désormais disponible dans sa splendide restauration 4K !

Pour les jours et horaires de projection cliquer en haut de la page sur NOS PROGRAMMES/CINÉMA VICTORIA