• MEN 

    de Alex GARLAND

    Semaine du 24 au 30 août 2022



     

    Alex Garland, par ailleurs romancier (La Plage (1998); 28 jours plus tard (2002); le Coma (2005); Sunshine (2008)) réalise avec MEN son troisième film après EX MACHINA (2014) et ANNIHILATION (2017).

    Dans une belle lumière d’une fin d’après-midi Harper (Jessie Buckley) croise le regard d’un homme en train de chuter du haut d’un immeuble. Cet homme, c’est James (Paapa Essiedu), son mari. Elle vient de lui annoncer sa décision de divorcer. Il le prend mal, s’adonne à des remarques désobligeantes, l’agresse physiquement, lui promet de se tuer si elle persiste dans sa décision… Il s’exécute.

    Pour se remettre de l’évènement Harper décide de se reposer dans une belle demeure de la campagne anglaise. Après l’accueil par le propriétaire un brin lourdingue et intrusif elle entreprend une ballade en forêt qui l’amène devant un tunnel, l’une des plus belles scènes du film. S’y engageant elle compose de sa voix une musique se jouant de l’écho avant qu’une ombre apparaisse et la traque. Le plan où Harper, à l’orée du tunnel, se reflète sur une flaque d’eau (cf. l’affiche du film) symbolise le moment où la jeune femme est en train de franchir une ligne (ou de se dédoubler).

    De la première rencontre que fait Harper dans la forêt, de celle qui la précède (le propriétaire du logis), des rencontre qui suivront (le policier, le prêtre, un adolescent grossier, un client de la taverne) le réalisateur traite du poids du traumatisme, passant au crible une liste des agressions et humiliations subies au quotidien par les femmes. Le traumatisme d’Harper qui doit faire la paix avec ses propres démons provient de la violence maladive des hommes. Le sous-titre du film est d’ailleurs éloquent "le mâle engendre le mal".

    Requiem funèbre, film d’horreur post-Me Too, MEN se vit comme un dédale mortifère où le mâle contamine autant la sphère intime que publique et concerne toutes les catégories sociales sans distinction de race ou de classe.

    Film complexe aux couches narratives et thématiques multiples, il aborde des sujets aussi divers que le deuil, la masculinité (toxique), la hantise, la mythologie, la monstruosité, la culpabilité (on notera une des premières scènes où Harper croque une pomme … )

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