• WHITE BUILDING , de Kavich Neang

     

    Semaine du 25 au 31 mai 2022



    Semaine du 25 au 31 mai 2022

     

     

    Les anciens habitants de barres d’immeubles, de tours, de bâtisses vétustes témoignent souvent de leur nostalgie, leur vague à l’âme, la perte d’un lieu de souvenir et de mémoire, lorsqu’ils sont démolis. Et ce, même si ces habitations étaient devenues insalubres, gangrenées par l’intranquillité, le mauvais voisinage, la petite délinquance, le manque de civisme.

    Récemment le film Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh abordait ce sujet avec un beau regard poétique.

    Il est question dans White building de la destruction d’une barre d’immeubles dans la ville de Phnom Penh gagnée par la modernisation à outrance, la fièvre immobilière, les gratte-ciels clinquants, la gentrification.

    Samnang, jeune homme de 20 ans, est un habitant de ce bâtiment qui fut à l’époque de Norodom Sihanouk dans les années 60 une construction moderne abritant des fonctionnaires du ministère de la culture. Vidé et abandonné durant le régime des Khmers rouges en 1975 et 1979 le "White" renaît dans les années 80 grâce à son occupation par une communauté d’artistes.  Par faute d’entretien, sa détérioration conduit les autorités à envisager sa démolition et l’édification à sa place d’une zone commerciale.

    La démolition de ce bâtiment iconique de Phnom Penh n’est que la métaphore de la mondialisation effrénée.

    On suit le héros qui avec deux copains de son âge forment un trio féru de danse urbaine, puis qui délaisse peu à peu la vie insouciante de la jeunesse pour traîner dans le bâtiment condamné, s’intéresser aux autres résidents, résister à l’éviction programmée, entourer ses parents qui comme les autres personnes âgées voisines sont las, épuisés par des luttes et des souffrances du temps de la dictature.

    Film politique et poétique, mélancolique et discrètement envoûtant, chronique d’un effacement et lent engourdissement, ce long-métrage a été produit par Davy Chou réalisateur du magnifique Diamond Island (2016) et coproduit par Jia Zhang-Ke dont on connaît l’intérêt pour filmer la disparition de lieux et d’environnements sous l’emprise de la modernité (Still Life en 2006, I Wish I knew en 2010, A touch of sin en 2016, Les éternels en 2018).  On ne s’étonnera pas de cette proximité entre tous ces cinéastes.

    Lors de la Mostra de Venise 2021, section Orizzonti, le jeune Piseth Chlun interprète du jeune héros Samnang a reçu le prix du meilleur acteur.

    Pour les jours et horaires de projection cliquer sur la rubrique

    NOS PROGRAMMES/CINEMA VICTORIA en haut de la page.

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