• L’ÉCHIQUIER DU VENT de Mohammad Reza Aslani

    Semaine du 01 au 07 décembre 2021

     
    L'Echiquier du vent Bande-annonce VO

     

    On pensait cet oeuvre disparu. Premier film du réalisateur Iranien Mohammad Reza Aslani tourné en 1976 et projeté 1 seul fois la même année lors du Festival international du film de Téhéran. Il n’eut pas l’heur de plaire. On était encore sous le régime du Shah. La République Islamique le mit aux oubliettes. Par le plus grand des hasards le réalisateur déniche les négatifs dans une brocante, les met à l’abri puis fait restaurer le film par la Cineteca di Bologna sous l’égide de la Film Foundation présidée par Martin Scorsese. Nous est restituée alors  une des perles du cinéma iranien d’avant la Révolution de 1979. 

     

    Le film est un huis-clos familial inspiré du milieu aristocratique iranien du début du XXe, que l’auteur retient comme symbole de la fin de règne dynastique des Qadjar (1796- 1925) avec une trame narrative empruntée à celle de Visconti dans le Guépard, ciblant les distinctions de classes sociales au détour de l’ère industrielle naissante.

     

    Suite à la mort de son épouse, Haji Amou, un commerçant traditionaliste, patriarcal et corrompu, projette de se débarrasser de sa belle-fille, surnommée Petite Dame, héritière en titre de la fortune et de la belle maison luxueuse dans laquelle ils vivent. Cette femme émancipée et moderne est paralysée et ne peut se déplacer qu’en fauteuil roulant. Pour faire face au complot fomenté par son beau-père, elle se fait aider par sa servante, ignorant que celle-ci joue sur les deux tableaux…

     

    L’auteur use de nombreux rebondissements, il convoque les codes du thriller familial, ou de certains romans noirs, où l’on devinera Clouzot, l’ensemble de l’œuvre suscitant d’autres références évidentes (Bunuel, Bresson, …). On notera aussi l’usage de plans fixes, larges, puis des travellings circulaires contribuant à un enfermement macabre, et à une angoisse digne de certains maîtres du genre (Carpenter ou Romero).

     

    Atmosphère de conte gothique où l’influence de la peinture rejaillit sur chaque plan, L’échiquier du vent (quel beau titre!) est un splendide jeu de massacre, un tour de force visuel, une oeuvre à l’élégance formelle, à la redoutable clairvoyance.

     

     

    Pour les jours et horaires des projections consulter le programme du cinéma Victoria notamment sur  cinemavictoria.fr

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